Le nerf vague relie le cerveau à une multitude d'organes comme le cœur, les poumons, le foie ou encore... l'intestin. Stimuler le nerf vague par une électrode pourrait permettre de lutter contre plusieurs pathologies, dont la maladie de Crohn. Explications.
Nerf vague et maladie de Crohn : une essai clinique inédit
Le Pr Bruno Bonaz a lancé en 2012 un essai clinique de neurostimulation vagale (NSV) sur des patients atteints de la maladie de Crohn. Une première mondiale qui a lieu au CHU de Grenoble ! Un stimulateur de la forme d'un fin filament métallique est implanté dans le cou, autour du nerf vague. Puis, un petit générateur prend place sous la clavicule pour alimenter ledit stimulateur. Ce dernier transmet des impulsions électriques à basse fréquence pendant 30 secondes toutes les 5 minutes.À découvrir : Bien comprendre la maladie de Crohn
Des résultats très prometteurs
Mené sur 9 patients d'abord, l'essai clinique s'annonce comme une belle réussite : le Pr Bonaz affirme que 6 d'entre eux sont en rémission. Et, le Pr Bruno Bonaz n'est pas peu fier d'affirmer que, « pour la première fois au monde, la stimulation du nerf vague a permis d'éliminer les symptômes de la maladie de Crohn, sans médicament ». Audrey fait partie des patients en rémission. Elle n'a pas ressenti de bouleversements majeurs sur ses symptômes lors des premières semaines suivant la pose de l'implant. Mais, ainsi qu'elle l'affirme à Sciences et Avenir, après six mois, « le changement a été impressionnant, plus de souffrances ». Surtout, elle a « retrouvé une énergie qu'[elle] n'avai[t] pas connue depuis que la maladie s'était déclarée ».Nerf vague et maladie de Crohn : aux origines d'une étonnante connexion
Le Pr Bonaz a eu l'idée de stimuler le nerf vague suite à un article du Dr Kevin Tracey (États-Unis) qui signalait l'implication du nerf vague dans l'inflammation. Et en cas de maladie de Crohn ou de RCH, c'est bel et bien l'inflammation qui agresse le tube digestif. Or, le tube digestif contient des millions de neurones connectés au nerf vague, lui-même relié au cerveau. Il apparaissait donc nécessaire de stimuler ce nerf.Le nerf vague, canal d'information entre le cerveau et le système digestif
De fait, le nerf vague transmet les sensations digestives, les informations en provenance du microbiote ou des cellules immunitaires de la paroi intestinale au cerveau. Ainsi, le cerveau a toujours connaissance de l'état digestif et immunitaire grâce au nerf vague. À l'inverse, le cerveau se charge de réguler la digestion de et déclencher les réactions de défense. Et le Pr Bruno Bonaz le souligne, c'est « cet axe neuro-digestif [qui] dysfonctionne dans les maladies telles que le syndrome de l'intestin irritable, les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (Mici) comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique ».Et aussi : l'intestin, notre deuxième cerveau
Ce « super-nerf » est, selon le Docteur Tracey, bel et bien le « bouton "off" de l'inflammation ». Dans l'espoir qu'un nouvel essai clinique de plus grande envergure voie le jour. Dans l'espoir que, comme ces patients en rémission, les 150 000 personnes souffrant de MICI puissent dire adieu aux maux de ventres, aux diarrhées à répétition et aux brûlures intestinales.