Le pansement gardant la plaie dans une milieu humide facilite la migration cellulaire et permet de multiplier par deux la vitesse de cicatrisation. Le pansement doit donc créer un micro-climat humide, tout en étant perméable aux échanges gazeux, imperméable aux liquides, capable de gérer l'excès d'exsudat, confortable et stérile, sans adhérer à la plaie. Il existe différents types de plaie et donc différents types de pansement. Mais existe-t-il vraiment des innovations dans le domaine des pansements ?
Actuellement, les pansements modernes répondent à différents objectifs tels qu'une augmentation des performances en termes de drainage et d'absorption mais aussi une simplification des soins, un plus grand confort au soignant et au patient.
Du pansement connecté…
Le pansement connecté n’est pas encore sur le marché, Urgo tout comme Smith&Nephew, contactés à ce sujet ont refusé d’en parler car il est encore dans les cartons des services recherche et développement ! Le principe est simple ; « on intègre des capteurs dans des couches très fines (…) à l'intérieur du pansement (…) qui font des mesures de pression, de températures, d'humidité », ces capteurs recueillent les données et une application installée sur votre téléphone les envoie aux médecins et aux infirmières. « En maîtrisant la plaie, on change la fréquence de changement des pansements, on peut aussi imaginer réduire la durée de traitement et soigner les patients à leur domicile ».À l’araignée…
La soie d’araignée, connue pour ses propriétés cicatrisantes, sa durabilité et sa biocompatibilité est désormais utilisée avec un antibiotique. Une équipe anglaise a en effet inventé une nouvelle technique appelée « chimie clic » qui permet de lier des molécules d’antibiotique au fil de soie. Ce fil préviendrait ainsi les infections grâce à la présence de l’antibiotique mais accélérerait en plus la régénération tissulaire en fabriquant un échafaudage provisoire avant d’être biodégradé.…Sans oublier les limaces,
C’est en observant des limaces menacées par un prédateur que des scientifiques britanniques ont découvert qu’elles secrètent un mucus qui les colle littéralement sur place. À partir de ce mucus ils ont développé un hydrogel adhésif élastique et résistant qui adhère aux tissus biologiques même en présence d’humidité. On le voit, cette bio-colle permettrait d’aider à la cicatrisation des plaies même profondes.les asticots…
Apparue depuis des milliers d’années, la larvothérapie est aussi très efficace. Le principe est naturel, on utilise des larves d’une seule mouche qui se nourrissent exclusivement de tissus morts. En France, cette méthode est utilisée depuis 2006 mais seulement si les larves sont maintenues dans des sachets stériles qui seront posées à même la plaie.Cette méthode a trois intérêts essentiels. Tout d’abord la détersion,durant laquelle les larves débarrassent la surface des plaies des tissus nécrosés. Mais aussi la désinfection, en absorbant les tissus nécrosés, le tractus digestif des larves détruit les bactéries ; elles facilitent la production d’exsudat qui favorise l’élimination des germes ; elles sécrètent aussi des substances antibactériennes. Et enfin, la stimulation du tissu de granulation. Plusieurs études ont montré une amélioration de la surface des plaies avec la prolifération d’un tissu de granulation de bonne qualité et une cicatrisation plus rapide.
Mais la larvothérapie se heurte aux blocages culturels.
…et les poissons
Des chercheurs chinois ont extrait du collagène de la peau d’un poisson, le tilapia. Ils ont extrait des nano-fibres, en ont fait des sortes d’éponges et les ont testées sur des blessures de rat. Ils ont observé une cicatrisation plus rapide. Il n’existe aucune maladie commune entre l’homme et le poisson, c’est pourquoi le collagène de poisson est plus sain.Ce petit tour d’horizon montre donc que tous ces nouveaux pansements qu’ils soient issus de poissons ou d’insectes, ne sont pas de véritables innovations. C’est ce que déplore Christine Faure, (pharmacien hospitalier, unité des dispositifs médicaux stériles et implantables, CHU de Montpellier) « si l'actualité du pansement se caractérise par son dynamisme, la véritable innovation se fait rare et il s'agit le plus souvent d'évolutions technologiques ».